Nous avons appris hier que le Premier Ministre Ariel Henry a décidé de reporter l’entrée en vigueur du code pénal controversé. Au Tabernacle de Gloire, nous applaudissons cette décision mais notre combat n’est pas terminé pour autant. Nous voulons une révision du Code Pénal.
En 2020, la publication d’un nouveau code pénal haïtien a provoqué la colère de la population à cause de certains articles qui ne correspondent pas aux coutumes haïtiennes. La même année, le ministère Shekinah/Tabernacle de Gloire, en collaboration avec la Fédération protestante d’Haïti (FPH), ont lancé en ligne une pétition intitulée « Legliz Pale » pour protester contre ce document.
Cette pétition a eu un immense succès car elle a recueilli plus de 100 000 signatures en moins de 48 heures. La majorité avait dit catégoriquement dit NON à ce document qui, selon certains experts en la matière, contient des articles irritants, litigieux voire contraires aux mœurs haïtiennes.
A part l’église, beaucoup de secteurs nationaux se sont sentis menacés, qu’il s’agisse de l’Association des magistrats ou de la Fédération des Barreaux d’Haïti. Des milliers de personnes ont marché dans différentes villes haïtiennes pour dire non au nouveau code pénal. L’affaire a fait la une des médias nationaux et internationaux.
A la suite des diverses manifestations, a révélé Pasteur Gregory Toussaint du Tabernacle de Gloire, l’une des plus grandes églises haïtiennes et en Haïti et dans la diaspora, une délégation de la présidence a rencontré des leaders du Tabernacle de Gloire pour leur demander quelles corrections ils souhaitaient apporter au document. Cette délégation était composée de l’ancien ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Claude Joseph, l’ancien Premier Ministre Joseph Joute qui intervenait au téléphone. « Un document de 300 pages résumant notre position et celle des signataires de la pétition leur a été remis afin qu’il le communique au président Jovenel. C’est à la suite de cette rencontre que M. Moïse avait constitué une commission qu’il avait chargée d’analyser le code pénal, de le réviser et de le corriger », indique-t-il. Cependant, à la suite des divers évènements survenus en Haïti, le code pénal était passé au second plan.
Publié en 2020, le nouveau code pénal devait entrer en application ce vendredi 24 juin 2022. Ce qui a vite relancé le débat et la mobilisation de l’église et de la population haïtienne réclamant le report et la révision dudit document. Car durant les deux dernières années, il semble que rien n’a été fait pour réviser le code pénal.
« Le code pénal ne peut pas entrer en vigueur dans l’état où il est sans les révisions promises par l’ancien président Jovenel Moïse » a déclaré le mercredi 15 juin écoulé Pasteur Gregory Toussaint lors d’un service religieux dans le cadre de l’évènement annuel « 40 Jours de Jeûne » du Tabernacle de Gloire.
« Le pays est confronté actuellement à toutes sortes de problèmes, la vie chère, l’insécurité, les kidnappings, un président assassiné qui ne trouve pas encore justice, la publication de ce code pénal est loin d’être l’urgence de l’heure » a-t-il poursuivi.
Le leader du Tabernacle de Gloire a reconnu que le code pénal haïtien devenu obsolète a effectivement besoin de révision mais il a fait valoir que certains éléments introduits dans le nouveau document posent problème.
«La révision du code elle-même ne pose pas de problème mais certains éléments y figurant encouragent ou ouvrent la porte à des pratiques immorales comme l’inceste, la zoophilie, la prostitution des mineurs, l’interruption illégale de grossesse et bien d’autres », a fait savoir le pasteur.
L’église, a-t-il poursuivi, est la conscience de l’État. Elle constitue la colonne et le soutien de la vérité dans toute société. Sa mission est d’y proclamer la vérité. « L’église n’a pas à se mêler de tout mais certaines choses relèvent du domaine de l’église telle que la spiritualité et la moralité d’une nation ».
Pasteur Toussaint s’est dit également concerné par les répercussions que la publication d’un tel code pénal pourrait avoir sur l’église haïtienne. Il dit son inquiétude par rapport à l’un des articles qui stipule que des pasteurs ou ministres religieux soient emprisonnés et paient de lourdes amendes s’ils refusent leurs services à des gens sur la base de leur orientation sexuelle. Le pasteur argue que ce code accorde des privilèges à une minorité qui veut imposer sa loi sur la majorité.
« Reportez et révisez », tel était le mot d’ordre de Pasteur Toussaint qui avait encouragé la semaine dernière tous les Haïtiens à en faire leur cri de ralliement face à cette situation. Il avait également relancé la pétition Legliz Pale qui, entre temps, a récolté plus de 180 000 signatures.
« L’ex-président haïtien Jovenel Moïse avait été élu avec 500 000 voix en 2016, donc si plus de 100 000 personnes sont mécontentes de certains aspects du nouveau code pénal, les autorités en place doivent les écouter », a-t-il indiqué.
Les autorités haïtiennes ont, il parait, entendu le cri de la population. En effet, par un décret publié le 23 juin 2022 dans une numéro spécial du journal officiel Le Moniteur, le gouvernement haïtien a annoncé le report de la mise en vigueur du nouveau code pénal. Ce décret signé par le Premier ministre Ariel Henry et plusieurs membres de son cabinet a énuméré plusieurs raisons expliquant ce report. Parmi les raisons citées, le fait que des dispositions du décret suscite des controverses et que les pouvoirs publiques n’aient pas mis en oeuvres les mesures préalables à l’entrée en vigueur dudit décret. En conséquence, la date d’entrée en vigueur du Code pénal est reportée à 24 mois après la parution du décret du 23 juin, soit en juin 2024.
Réagissant sur la décision du gouvernement haïtien, Pasteur Toussaint a d’abord tenu à remercier Dieu d’avoir répondu à ses prières. Il remercie aussi les plus de 180 000 personnes qui ont signé la pétition « Legliz Pale » ainsi que les divers secteurs qui ont élevé les voix contre le document.
« Nous voulions que le nouveau code pénal soit reporté, maintenant que c’est fait ; nous voulons qu’il soit révisé», a fait savoir Pasteur Gregory Toussaint tout en ajoutant que le combat se poursuit.
Le leader du Tabernacle de Gloire a exhorté la population à continuer à signer la pétition en ligne tout en soulignant l’importance d’une telle démarche. « Une pétition est un droit constitutionnel. Elle est documentée et a un statut juridique. Poster sur les réseaux sociaux et marcher dans la rue, c’est bien mais une pétition a une valeur constitutionnelle », a-t-il expliqué.
Le leader du Tabernacle de Gloire a aussi voulu apporter des précisions sur la nature du combat qu’il mène. Il s’agit d’un combat moral, un domaine qui est du ressort de l’Église. «Plus qu’une bataille morale, c’est un combat spirituel pour sauver l’âme de la nation. Car plus un peuple perd sa moralité, plus Satan a d’emprise sur ce peuple».
« Dans le cas des USA, poursuit-il, on remarque que plus ce pays devient immoral, plus de crimes horribles s’y produisent comme les mass-shootings. Ce n’est pas seulement une question d’armes. Il s’agit d’une possession collective. Ces choses sont liées. Des forces infernales dominent la société », a indiqué Pasteur Gregory Toussaint en concluant que Satan a déjà beaucoup d’emprise sur Haïti, et que ce n’est pas la peine d’en rajouter.
Enfin, Pasteur Grégory Toussaint a souligné l’aspect nationaliste de sa démarche. « C’est une question de souveraineté nationale. Les lois d’une nation sont supposées refléter l’éthique de celle-ci. Elles ne doivent en aucun cas lui être imposées par un autre pays qui lui apporte ses vices et ses mauvaises pratiques. Il s’agit d’une bataille que tout Haïtien nationaliste doit mener car il s’agit de notre souveraineté en tant que peuple».
Le leader du Tabernacle de Gloire, Pasteur Grégory Toussaint, a appelé la population à faire deux choses: de continuer à signer la pétition en ligne et de continuer à prier jusqu’à la révision du code pénal.